C’est une première : chasseurs, naturalistes, agriculteurs et scientifiques se sont ralliés autour d’un avis initié par le Conseil Wallon du Bien-Être des Animaux (CWBEA) !
L’avis est clair : les méthodes de chasse majoritairement pratiquées en Wallonie ne permettent actuellement pas de rencontrer les obligations légales en matière de souffrances infligées aux animaux lors de la mise à mort du grand gibier.
Commandité par Madame la Ministre Céline Tellier en 2021, cet avis devait contenir des « recommandations permettant de limiter au strict nécessaire toute atteinte au bien-être des animaux dans le cadre de la pratique de la chasse, en appliquant les principes du Code wallon du bien-être animal”. Dans cette perspective, le Cabinet a fait appel à l’équipe SEED de l’ULg afin d’élaborer un dossier préparatoire aux discussions tout en garantissant la neutralité nécessaire dans l’étude d’une thématique controversée et à grands enjeux sociétaux tels que le la chasse.
Le dossier scientifique délivré explore les défis de la chasse en Wallonie, notamment les implications éthiques et environnementales, et la nécessité d’aligner les pratiques de chasse sur des principes de conservation et de bien-être animal. Il appelle à une réflexion sur les méthodes et la réglementation pour réduire l’impact sur la faune. Le présent avis se limite aux méthodes de chasse ainsi qu’à la recherche du gibier blessé. Durant les prochains mois, le groupe de travail du CWBEA sera amené à analyser le lâcher de petit gibier ainsi que les techniques de mise à mort et de piégeage.
Le conseil, dont le rapport a été approuvé par les représentants de la chasse du groupe de travail, préconise un changement radical de la méthode de chasse dans les territoires où cela est envisageable. Il recommande de promouvoir la pratique de la poussée-affût en lieu et place des battues à cor et à cri, principale méthode de chasse en région wallonne (en nombre d’animaux tués et nombre de participants).
Sur base des études réalisées, la méthode poussée-affût présente de nombreux avantages par rapport aux battues : moins aléatoire, plus adaptable aux contextes locaux et permettant des nuisances sonores moindres et des tirs plus efficaces (précision accrue, angle de tir traversant). Des recommandations supplémentaires sont portées sur la distance de tir (maximum 50 m).
Le gibier blessé durant une chasse, potentiellement conscient et en souffrance, n’est retrouvé que dans 60% des cas (tout gibier confondu en 2022) et concerne plusieurs milliers d’individus chaque année. Les modalités actuelles d’achèvement et de recherche de gibier blessé ne respectent pas la loi actuelle en la matière, qui oblige à rechercher tout gibier blessé.
L’Association Belge pour l’Utilisation des Chiens de Chiens de Sang (ABUCS) œuvre pour la recherche du gibier blessé. Elle considère que les chances de retrouver un gibier blessé sont plus importantes lorsqu’on retarde les recherches, après la fin de la chasse pour des raisons de sécurité voire jusqu’à 24h après pour la facilité de recherche. Par conséquent, les animaux retrouvés ne sont pas toujours vivants et ceux qui le sont ont souffert des heures durant, ce qui ne rentre pas dans le cadre légal en matière de bien-être animal.
Lors d’une battue, les chasseurs considèrent que le risque de se déplacer pour achever un animal est trop important. C’est pourquoi le CWBEA suggère de mettre en place des outils de communication permettant l’arrêt temporaire d’une battue en toute sécurité, de façon à achever plus rapidement le gibier blessé et appelle au soutien des pouvoirs publics.
En amont de la mise à mort sur le terrain, la formation des chasseurs nécessite elle-aussi plusieurs changements pour s’accorder avec les enjeux éthiques de la mise à mort des animaux. En premier lieu, l’examen de chasse (constitué actuellement d’une seule épreuve sur cibles fixes) doit être complété par un examen pratique de tir sur cible mouvante. La formation de préparation à cet examen se doit également d’intégrer le sujet de l’achèvement du gibier blessé, ce qui n’est pas le cas actuellement.
Une fois le permis de chasse décroché, le conseil demande une attestation obligatoire pour la pratique de la battue à cor et à cri, délivrée en suivant une formation continue au moins une fois tous les deux ans (exemple du Valais Suisse). D’autres mesures telles que l’information adaptée à toute autre personne susceptible d’achever un gibier ou la certification annuelle du réglage de l’optique de l’arme devraient devenir obligatoires.
Le bien-être des animaux doit aussi s’appliquer aux chiens utilisés pour la traque et la chasse. Afin d’éviter les conséquences mortelles de la maladie d’Aujeszky, il convient d’en encourager la vaccination (même si elle n’est pas totalement efficace), mais surtout d’éviter à tout prix la consommation d’abats crus de sangliers par les chiens. Afin de mieux les protéger de l’agressivité possible du gibier, le port d’un gilet de protection approprié et l’utilisation d’un collier de type GPS sont recommandés, voire obligatoires pour les chiens de recherche au sang.
Le collectif Stop Dérives Chasse approuve les mesures recommandées par le CWBEA, qui permettront en partie de mieux rencontrer les obligations légales en matière de bien-être animal. Pour cela, le collectif appelle les responsables politiques à donner suite à cet avis en implémentant concrètement les recommandations pour que la pratique de la chasse puisse se poursuivre de façon plus éthique à l’avenir !
Notre collectif, regroupant plus de 80 associations a pour but de faire évoluer la loi sur la chasse afin qu’elle prenne en compte les diverses sensibilités de la société (bien-être animal, biodiversité, activités socio-récréatives en forêt).
Associations fondatrices :