Les chasseurs, pourtant bien moins nombreux que les membres et sympathisants des associations de protection de la nature, disposent d’un puissant lobby exercé par des gens très influents auprès de quelques décideurs politiques et dans le cabinet du Ministre responsable.
C’est ainsi que la chasse de loisir par ses excès, ses artifices, ses dérives, son quasi monopole sur la forêt et l’attitude arrogante de ses représentants s’est discréditée aux yeux de la majorité des citoyens.
Le recours quasi systématique aux baux de chasse de longue durée pour de grand territoire, notamment en forêt publique, donne la possibilité aux chasseurs de “gérer le gibier”. Cette possibilité contribue à faire monter les enchères, ce type de territoire pouvant être rentabilisé en le rendant plus giboyeux. Les montants élevés des baux de chasse justifient ensuite, auprès des propriétaires qui en bénéficient, l’adoption de mesures pour y développer des densités de gibier importantes.
L’influence du monde de la chasse est alors considérable. Dans certains cas, il parvient à faire privatiser des chemins publics, il s’autorise à placer des panneaux qui donnent au promeneur l’idée que des chemins sont privés et interdits d’accès, à mettre des barrières à l’entrée de ces chemins pour faire croire à un accès interdit, il ne respecte parfois pas la législation concernant les affiches annonçant les parties de chasse, etc.
Ce sentiment de propriété amène bien souvent le gestionnaire du territoire de chasse à marquer son territoire : postes d’affuts permanents, marquage permanent des postes de tir… pendant que l’organisateur d’un itinéraire balisé utilise des marquages très discrets ou doit les retirer dans les 24h…
Pourtant, le métier de « Garde-champêtre particulier (GCP) » (appelé garde-chasse dans le langage commun) est réglementé. Des formations poussées et la réussite d’examens écrits et oraux avec des recyclages évalués tous les cinq ans sont indispensables pour en obtenir le diplôme et le statut d’agent de police judiciaire à compétences restreintes. Une carte de légitimation est délivrée par les Gouverneurs de provinces que les GCP doivent d’ailleurs présenter à leurs interlocuteurs avant même de parler de délit. Ces cours sont basés non seulement sur l’étude des lois (ou codes): rural/forestier/chasse/environnement/…, mais aussi des cours de déontologie, de droit, de premiers soins et de rédaction de P.V.
Le cours de déontologie, un des cours les plus importants de la formation, insiste sur le fait que l’empathie est la meilleure arme du GCP dans les relations avec les autres utilisateurs de la ruralité. Tant que les utilisateurs de la forêt respectent les lois, le code forestier et le code rural, rien ne peut justifier une éjection « manu militari » d’un territoire public.
Sur le terrain, il n’est pas rare de “tomber sur un de ces « gardes-chasse autoproclamés » invitant le promeneur à s’éloigner de son territoire de chasse.