Réponses des partis politiques à propos de la chasse, septembre 2023
Début septembre, le Collectif Stop aux Dérives de la Chasse s’adressait aux présidents des principaux partis politiques actifs en Wallonie en leur demandant leur position lors de la prochaine législature (élections en juin 2024) à propos des lâchers massifs, pour le tir, du petit gibier (Faisans colchides) et du gibier d’eau (Canards colverts) issus d’élevage.
“Monsieur le Président,
Nous vous contactons à l’approche des prochaines élections régionales de 2024 pour la Wallonie au nom du Collectif Stop aux Dérives de la Chasse (SDC). Celui-ci regroupe 82 associations qui demandent que soit mis fin aux abus de la chasse de loisir (www.stopderiveschasse.be), comme le sont les lâchers massifs de petit gibier et de gibier d’eau. En effet, chaque année ce sont des dizaines de milliers, voire des centaines de milliers, de faisans et de colverts qui sont ou importés ou élevés comme de la volaille dans des conditions sanitaires déplorables.
Ces lâchers se font dans le but de “libérer” massivement ces oiseaux sur des territoires de chasse afin d’y être tués pour satisfaire le plaisir personnel de certains chasseurs pour leur hobby. Cela est contraire à l’éthique de la chasse, que respectent d’autres chasseurs qui sont plus soucieux des équilibres naturels.
Cette pratique enfreint aussi le Code wallon du bien-être animal qui s’applique tant aux animaux sauvages vertébrés qu’aux animaux qui sont sous la dépendance de l’homme puisqu’il interdit de tuer des animaux sans nécessité. Ce d’autant plus qu’ils sont ici introduits artificiellement dans la nature en très grand nombre pour le seul plaisir de “chasser”.
Question : soutiendrez-vous, lors de la prochaine législature, une révision de la loi sur la chasse :
– interdisant (comme en Flandre et ailleurs en Europe) les lâchers massifs de faisans et de colverts pour le tir animaux d’élevage qui sont introduits artificiellement dans la nature comme gibier ?
– n’autorisant que des repeuplements limités sur des territoires de chasse faisant l’objet de plans de gestion durables offrant des habitats naturels à la faune sauvage ? (comme c’est déjà le cas en Wallonie pour la Perdrix grise)”.
Nous vous saurions gré de nous faire connaître votre position au sujet des lâchers de tir par retour d’e-mail avant le 22 septembre 2023. Votre réponse sera communiquée aux électeurs.
Les réponses reçues ont fait l’objet d’un communiqué de presse :
Ces réponses indiquent que tous les partis sont d’accord pour interdire les lâchers massifs de petit gibier et de gibier d’eau issus d’élevage pour une chasse de loisir ! Certains partis sont même allés au-delà de la question en se montrant d’accord pour revoir les fondements de la loi sur la chasse.
Les Engagés
——– Courriel original ——–
Objet: RE: Question Stop Dérives Chasse
Date: 22.09.2023 10:32
De: Présidence – Les Engagés <presidence@lesengages.be>
À: « info@stopderiveschasse.be » <info@stopderiveschasse.be>
Madame,
Nous avons le plaisir de revenir vers vous concernant la demande de positionnement du Collectif Stop Dérives Chasse sur la question d’une possible réforme de la loi du 28 février 1882 sur la Chasse.
Votre demande a parfaitement retenu notre attention, et nous remercions vivement les nombreuses associations qui composent ce Collectif pour leur sollicitation.
Il est incontestable que toute dérive quel qu’en soit le domaine doit être combattue, et que des mesures fortes doivent être prises pour l’éradiquer. Il en va tout autant dans le domaine de la chasse. Sans tabou, une réforme de la loi sur la chasse doit être envisagée sous la prochaine législature, et ce, dans le cadre d’une concertation ouverte au plus grand nombre. Les Engagés regrettent au passage que le Gouvernement wallon n’ait pas pris ce sujet à bras le corps au cours de cette législature, et ce, malgré plusieurs sollicitations émises par votre Collectif dont le dépôt d’une pétition parlementaire.
La loi sur la chasse date du 28 février 1882. Bien que plusieurs modifications aient bien entendu été menées depuis lors, une révision paraît plus qu’indispensable pour actualiser la pratique aux enjeux sociétaux d’aujourd’hui. Notre monde évolue en témoigne notamment les avancées majeures enregistrées en Wallonie notamment en matière de bien-être animal. Dans notre recherche de régénération du vivant, le respect du bien-être animal est au cœur de notre engagement, comme en témoigne explicitement notre Manifeste. La chasse doit ainsi pouvoir évoluer dans son cadre et dans sa pratique ; il en va d’ailleurs de l’intérêt même des chasseurs. La chasse et ses acteurs souffrent aujourd’hui d’un déficit d’image. Ces dérives et l’absence de remise en question en constituent les premières causes.
La chasse reste néanmoins nécessaire. Dans son rôle le plus noble, la chasse continue, dans le respect d’un équilibre avec la nature, à assurer la régularisation des espèces gibier, notamment les sangliers.
C’est une discipline qui nécessite également une connaissance de la nature et une connaissance des animaux afin d’évaluer si l’un ou l’autre doit faire l’objet d’un prélèvement. En outre, les chasseurs se doivent d’être sensibles et respectueux du patrimoine commun et de la nature au sens large. Il reste donc primordial de pouvoir assurer le maintien de la pratique pour ces motifs. La garantie d’assurer cette régularisation est conditionnée, à nos yeux, au maintien de l’envie de pratiquer pour maintenir suffisamment de chasseurs.
Dans ce contexte, certains avancent que l’introduction artificielle et massive de certaines espèces par le biais d’animaux d’élevage contribuent à la survie même de la chasse sur certains territoires. A défaut, la chasse y disparaîtrait et par la même occasion les chasseurs. Les Engagés estiment que des alternatives peuvent être mises en œuvre pour atteindre cet objectif nécessaire à l’équilibre de la faune et de la flore. L’introduction d’animaux sauvages, et ce, de manière limitée, doit être privilégiée à l’introduction d’animaux domestiqués ou apprivoisés. Du reste, dans tous les cas, une période sans chasse sur le territoire désigné doit pouvoir être assurée pour permettre le « retour à la nature » de ces animaux. Nous sommes donc favorables à des repeuplements limités sur des territoires de chasse et à la mise en œuvre de plans de gestion plus durables réfléchis dans ce cadre.
Enfin, nous plaidons également pour l’ouverture de conseils cynégétiques à d’autres acteurs que les chasseurs, le cas échéant dans les conseils volontaires dans un premier temps, et pour une meilleure information auprès du grand public sur la chasse et les bonnes pratiques à mettre en œuvre.
Nous restons à votre disposition pour discuter de ces éléments.
Vous souhaitant bonne réception de la présente réponse, nous vous prions de croire, chère Madame, à l’assurance de nos sentiments distingués.
MAXIME PREVOT
PRESIDENT
Le MR
——– Courriel original ——–
Objet: Réponse à votre courrier
Date: 15.09.2023 10:37
De: Georges-Louis Bouchez <president@mr.be>
À: « info@stopderiveschasse.be » <info@stopderiveschasse.be>
Chère Madame,
Votre message du 8 septembre m’est bien parvenu et a retenu toute mon attention. Pour le MR, la chasse de demain devra s’inscrire dans la société de manière responsable et durable. Pour cela, il est essentiel de promouvoir une approche équilibrée qui tienne compte à la fois des aspects de conservation de la faune et de respect des besoins des communautés locales.
La chasse doit, plus que jamais, être pratiquée de manière durable en évitant la surexploitation des populations d’animaux sauvages. La mise en place de programmes de gestion de la faune, tels que la régulation des populations, la protection des habitats et la surveillance des espèces, est essentielle pour garantir la préservation à long terme de la biodiversité. Il est important d’éduquer les chasseurs et le grand public sur les pratiques responsables de chasse, les réglementations en vigueur et les enjeux de conservation. Des programmes de sensibilisation peuvent être mis en place pour promouvoir le respect de la nature, l’éthique de la chasse et la compréhension des écosystèmes.
Impliquer les communautés locales dans la gestion de la faune et les décisions relatives à la chasse peut favoriser une meilleure acceptation sociale de cette activité parfois controversée. Les chasseurs et les acteurs locaux peuvent travailler ensemble pour protéger les habitats, prévenir les conflits entre les humains et la faune, et promouvoir le tourisme lié à la chasse responsable.
La chasse peut aussi contribuer au développement économique des régions rurales en créant des opportunités d’emploi, en stimulant le tourisme et en soutenant les industries connexes telles que la gastronomie et l’hôtellerie. Ces avantages socio-économiques doivent être mis en valeur pour favoriser l’acceptation de la chasse dans la société.
Enfin, les chasseurs doivent faire preuve de transparence envers les autorités compétentes, en se conformant aux réglementations et en rendant compte de leurs activités de chasse. Une gestion responsable de la faune implique également d’assumer la responsabilité de ses actions et de minimiser les impacts négatifs sur l’environnement.
En intégrant ces principes dans les politiques de gestion de la faune et en encourageant une pratique responsable de la chasse, il est possible de trouver un équilibre entre les intérêts de conservation et les besoins des communautés, permettant ainsi la reconnaissance de la chasse, tant par les agriculteurs, les éleveurs et les naturalistes comme une pratique durable, salutaire pour la société et bénéfique pour l’environnement.
A ce titre, et pour répondre à votre question, les seuls lâchers qui ont notre faveur sont ceux qui ont pour but le repeuplement.
Afin de lutter contre la disparition du petit gibier, nous prônons des mesures de réduction des pesticides, de plantation de haies, de réintroduction de zones marécageuses ayant un double emploi tant pour la faune que pour la prévention des inondations.
Je tiens aussi à souligner que les chasseurs ont un impact positif sur la conservation des espèces et la préservation des milieux naturels.
Les espèces chassées sont d’ailleurs les seules espèces dont le nombre croît et en même temps est régulé.
A votre disposition,
Georges-Louis Bouchez
Président
ECOLO
Le 26/09/23 à 10:46, de CALLATAY Charlotte a écrit :
Bonjour,
Concernant vos questions sur la réforme de la loi sur la chasse, ECOLO considère qu’une réforme de cette loi est nécessaire et devrait aller plus loin que les deux points que vous mentionnez.
Ceci étant dit, concernant vos questions précises : soutiendrez-vous, lors de la prochaine législature, une révision de la loi sur la chasse :
– interdisant (comme en Flandre et ailleurs en Europe) les lâchers massifs de faisans et de colverts pour le tir animaux d’élevage qui sont introduits artificiellement dans la nature comme gibier ? OUI
– n’autorisant que des repeuplements limités sur des territoires de chasse faisant l’objet de plans de gestion durables offrant des habitats naturels à la faune sauvage ? (comme c’est déjà le cas en Wallonie pour la Perdrix grise) OUI, nous sommes favorables à des repeuplements mieux encadrés par la loi. Les plans de gestion sont une option possible pour y arriver.
N’hésitez pas à revenir vers moi si les réponses ne sont pas claires ou si vous souhaitez des détails.
Bien à vous
Charlotte de Callataÿ
Parti Socialiste
——– Courriel original ——–
Objet: RE: Question Stop Dérives Chasse
Date: 12.09.2023 15:45
De: Paul Magnette <paul.magnette@ps.be>
À: « info@stopderiveschasse.be » <info@stopderiveschasse.be>
Cc: Wissal SELMI <wissal.selmi@iev.be>
Chère Madame,
Votre interpellation à propos de la chasse et de sa réglementation m’est bien parvenue.
J’en ai pris connaissance avec grande attention et je suis sensible à votre démarche.
Conscient de la multifonctionnalité des forêts wallonnes, des enjeux de la protection de la biodiversité et de la faune sauvage, le PS proposera bientôt les mesures suivantes :
* Une réforme de la loi sur la chasse qui se basera sur une concertation entre tous les usagers et les gestionnaires des massifs forestiers (chasseurs, acteurs de la protection de la biodiversité, gestionnaires privés et publics et utilisateurs des massifs forestiers). Cette réforme définira une vision transversale de la chasse en lien avec les enjeux territoriaux actuels et les enjeux de durabilité. Elle fixera aussi le cadre et un plan d’action pour assurer une gestion durable de la biodiversité, de l’habitat et de la faune sauvage ;
* Une interdiction du lâcher de gibier sauf en cas de repeuplement dans les habitats favorables dans le cadre de plan d’actions de restauration des populations.
C’est donc sur cette base que nous engagerons les discussions avec les autres formations politiques.
Vous remerciant de votre confiance, je vous prie d’agréer, chère Madame, mes salutations très cordiales.
Paul Magnette
PTB
Le 5/10/23 à 15:57, Jori Dupont a écrit :
Bonjour,
Bien que notre programme soit toujours en cours d’élaboration, je tiens à vous assurer du soutien du PTB en ce qui concerne la fin du lâcher de gibier.
Dans cette optique, nous avons également consulté Natagora, membre de Stop Dérives Chasse, et nous partageons votre point de vue. Vous pouvez compter sur notre soutien dans le cadre de la rédaction de notre programme.
Cordialement,
Jori