
Plus d’un million, c’est le nombre d’oiseaux d’élevage importés en Wallonie, faisans et canards colverts confondus, et déclarés ces cinq dernières années auprès de l’AFSCA. Lâchés pour le tir de loisir d’une minorité de chasseurs, cette pratique présente un risque sanitaire et environnemental important. Stop Dérives Chasse appelle le Ministre de la Santé et de l’Environnement, Yves Coppieters, la Ministre de la Chasse, Anne-Catherine Dalcq et le Ministre du Bien-Être Animal, Adrien Dolimont, à mettre un terme à ces pratiques d’un autre temps !
Dans un rapport demandé auprès de l’AFSCA à propos des importations à des fins cynégétiques enregistrées ces cinq dernières années, on y apprend que près de 443 000 canards colverts et plus de 630 000 faisans ont été acheminés pour le tir en Wallonie entre 2020 et 2024 depuis d’autres états-membres de l’Union Européenne. Les lâchers pour le tir sont interdits en Flandre.
Nombre d’animaux importés par province entre 2020 et 2024 (source : AFSCA)
Les données fournies sont d’autant plus impressionnantes qu’elles sont le fait d’une poignée de territoires de chasse. Elles confirment la situation dramatique subie par les riverains des communes concernées et causée par quelques propriétaires terriens dont les pratiques de chasse sont décriées. Sur ces territoires, ce sont des dizaines de milliers de faisans de Colchide et de canards colverts qui sont importés chaque année en vue d’être lâchés et tirés quelques jours ou semaines plus tard.
Comme il y a de nombreuses raisons de penser que ces chiffres concernant les lâchers doivent en réalité être revus à la hausse – ils ne représentent que les importations et ne prennent pas en compte les lâchers d’oiseaux élevés sur notre territoire – , ils en sont d’autant plus préoccupants. Les animaux sont lâchés en si grand nombre sur des territoires réduits que le Collectif observe très souvent sur le terrain des densités de plus de 1000 animaux à l’hectare.
Communes les plus touchées par les importations de faisans et de canards colverts entre 2020 et 2024 (source : AFSCA)
Les nuisances subies par les riverains sont nombreuses. Il s’agit de troubles de voisinage, de pollution sonore, de résidus de chasse, de danger pour la sécurité routière, et d’animaux domestiques traumatisés.
De plus, le risque sanitaire est indéniable sur toutes les communes qui pratiquent les lâchers massifs de faisans et de canards colverts. La présence massive d’oiseaux d’élevage augmente les risques de transmission de maladies infectieuses comme la maladie de Lyme (Michels et al., 2025) et la grippe aviaire (Holmes, 2022), virus qui peut contaminer plus de 50 espèces de mammifères dans les élevages et les animaux domestiques aux alentours (EFSCA, 2025). La science établit également que les cas de propagation de grippe aviaire des mammifères aux humains sont de plus en plus nombreux (OMS, 2024) et posent ainsi un risque non négligeable pour les personnes directement en contact avec des animaux contaminés ainsi qu’un risque de pandémie de plus en plus grand (Kozlov, 2025).
Pour le DEMNA (2024), les lâchers de tir sont à interdire systématiquement pour toutes les espèces de gibier d’eau et de petit gibier car ils ne se justifient aucunement, si ce n’est pour le tir de loisir.
Les lâchers de faisans et de canards colverts sont insuffisamment réglementés (non-exécution de l’article 12 de la loi sur la chasse) dans la législation wallonne, que ce soit par la loi sur la chasse (1882) ou par l’arrêté du gouvernement wallon fixant les dates de l’ouverture, de la clôture et de la suspension de la chasse, du 1er juillet 2020 au 30 juin 2025.
Madame la Ministre Dalcq, en tant que ministre en charge de la chasse, a la responsabilité d’encadrer ces pratiques qui n’ont pas d’intérêt en termes de régulation des espèces – le faisan de Colchide et le canard colvert – et qui n’ont plus leur place dans une société moderne, contribuant gravement à véhiculer une mauvaise image de la chasse à l’opinion publique.
Monsieur le Ministre-Président Dolimont, ministre en charge du bien-être animal et Monsieur le Ministre Coppieters, ministre de l’Environnement et de la santé ont quant à eux la responsabilité de prendre position en faveur de l’interdiction de cette pratique, qui alimente chaque années les scandales sanitaires et éthiques qui sont de leur ressort.
Le collectif demande à ces trois responsables politiques au centre de la problématique de se concerter rapidement pour réglementer sévèrement les lâchers de faisans et de canards colverts. Le collectif SDC se tient prêt à les rencontrer dans les plus brefs délais pour apporter son expertise sur ce sujet.
Notre collectif, regroupant plus de 80 associations a pour but de faire évoluer la loi sur la chasse afin qu’elle prenne en compte les diverses sensibilités de la société (bien-être animal, biodiversité, activités socio-récréatives en forêt).
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