Lettre aux parlementaires – Quand le Ministre Borsus n’écoute que les chasseurs !

Mesdames, Messieurs les parlementaires,

Nous avons pris connaissance du projet d’arrêté d’ouvertures/fermetures 2020-2025 de la chasse en Wallonie passé en première lecture au Gouvernement et qui avait été annoncé par le communiqué de presse du Ministre Willy Borsus.  

Nous sommes extrêmement déçus de n’y voir aucune avancée significative qui redonnerait à la chasse un peu de légitimité et de dignité tout en respectant la Nature et les autres utilisateurs de celle-ci.  

En effet, nous constatons :  

– Que le débat démocratique a été complètement et soigneusement évité, alors que la chasse du XXI ème siècle en mériterait un très large avec tous les acteurs de la ruralité. La chasse a un tel impact sur la nature, la biodiversité, la maltraitance animale, la sylviculture, l’agriculture, le socio-récréatif,… que ne tenir compte que des seuls avis du RSHCB et des plus gros marchands de gibier n’a aucune légitimité démocratique.  

– Que le Ministre permet le tir d’oiseaux telles la sarcelle et la bécasse, avec certes un tout petit aménagement sur la date d’ouverture pour la sarcelle et une interdiction de chasse à l’approche aurorale et crépusculaire pour quelques espèces.   – Que la prise en compte de la dimension « biodiversité » et de l’aspect biologique des espèces, n’y ont que peu de place. Exemples: – le tir de certains prédateurs autorisé 365 jours par an, y compris pendant la période de dépendance des jeunes, qui peut être assimilé à une certaine forme de maltraitance animale; – les lâchers de “cibles vivantes” que sont ces faisans, colverts et perdrix pour le seul plaisir de les truffer de plombs, toujours autorisés en sont une autre forme. Le lâché de ces espèces ne devrait être autorisé que pour le repeuplement et pas pour le tir. Tous ces oiseaux devraient alors être bagués.  

– Que pour l’allongement de la période de chasse du sanglier, si nous pouvons comprendre la démarche, nous sommes plus que sceptiques sur la finalité, car sans obligation de résultats et de mesures contraignantes vis à vis des conseils cynégétiques, comme le demandait d’ailleurs l’administration, rien ne garantit que tous les chasseurs joueront le jeu afin de baisser les densités qui sont actuellement quasi hors de contrôle. Les chasseurs ont par ailleurs échoués jusqu’à ce jour. Sans doute le problème du nourrissage n’a-t-il pas sa place dans cet arrêté, mais il devra impérativement revenir sur la table, car l’autoriser comme ce l’est actuellement permet tous les abus. Certains de ceux-ci sont tout bonnement scandaleux.

– Qu’aucune trace non plus n’est visible sur la question du bien-être animal car tous les types de chasse, y compris ceux provoquant des blessures atroces par manque de précision, sont encore autorisés, ainsi que les lâchers de petit gibier et de gibier d’eau d’élevage. C’est s’assoir sur la loi sur le bien-être animal qui n’est jamais pris en compte lorsqu’il est question de chasse (cette loi renvoie à la loi sur la chasse ! Il serait logique que le bien-être animal soit applicable aux animaux sauvages !), mais dont les trois articles suivants sont pourtant clairs et nets dans la législation en vigueur:

Article D.1er. L’animal est un être sensible qui possède des besoins qui lui sont spécifiques selon sa nature. Le présent Code vise à protéger la sensibilité et à assurer le bien-être de l’animal.

Art. D.2. § 1er. La Région wallonne mène une politique visant à assurer la protection et le bien-être des animaux en tenant compte, notamment, de leurs besoins physiologiques et éthologiques, ainsi que de leurs rôles au sein de la société et de l’environnement.

Art. D.57. § 1er. Un animal ne peut être mis à mort que par une personne ayant les connaissances et les capacités requises, et suivant la méthode la plus sélective, la plus rapide et la moins douloureuse pour l’animal.

– Que, à part la plateforme d’encodage des dates de battues prévue, il n’y a rien de bien concret concernant le secteur socio-récréatif puisque nous n’y voyons aucune limitation quant aux jours de chasse et quant aux heures autorisées (une interdiction de chasser à l’approche et à l’affût de 10h à 18h par exemple serait judicieuse, ou encore, comme nous le demandons, une interdiction de chasse les dimanches et jours fériés feraient en sorte que la forêt et la Nature ne soient plus monopolisées en permanence par les seuls chasseurs).

– Enfin, que dans le dernier communiqué de presse relatif au ouvertures/fermetures de la chasse du Ministre Borsus, nous relevons ceci:

« Les périodes d’affût au cerf et au chevreuil sont également maintenues en l’état, tout comme la chasse au petit gibier (lièvre, faisan, …), au gibier d’eau (à l’exception de l’adaptation pour la sarcelle) et à l’autre gibier (pigeon ramier, lapin et renard). »,

mais que dans le projet soumis au pôle ruralité section chasse, le tir de la poule faisane est prolongé jusqu’au 31 janvier.

Le C.P. ne disait donc pas toute la vérité.

Nous sommes désagréablement déçus de voir qu’une chasse de loisir, bancale, permettant tous les excès, est de nouveau sur les rails pour cinq années supplémentaires parce que, dans ce dossier, ne voulant pas décevoir les lobbies de la chasse et ses intérêts particuliers, ce que le Ministre Borsus a présenté au Gouvernement évite de trancher et d’oeuvrer enfin pour l’intérêt général et pour le bien de tous, même s’il en est fait explicitement, mais faussement, état dans le communiqué de presse.

C’est hélas le mal du siècle que nous payons tous par la montée des extrémismes et du populisme, conséquence d’un manque certain de considération pour les demandes bien légitimes des citoyens/électeurs qui admettent de moins en moins de ne pas être écoutés et le font savoir dans les urnes.

En refusant de revoir en profondeur les pratiques de chasse qui permettent toutes les dérives et déviances constatées ces dernières années, le gouvernement endosse collectivement la responsabilité de celles-ci.

Notons encore que, contrairement à ce que laisse supposer la répartition des compétences entre les différents Ministres du Gouvernement, la chasse n’est pas une activité isolée, vivant en autarcie. Cette activité s’exerce dans la nature et doit donc être considérée de manière holiste, en prenant en compte son impact sur la faune et la flore sauvage et sur les autres acteurs de la ruralité. La compétence relative à la chasse devrait d’évidence être rattachée à celle concernant la protection de la nature et la sauvegarde de la biodiversité et non à l’agriculture. Le fait de l’avoir isolée lors de la formation du Gouvernement était déjà une indication de la capacité d’influence du monde de la chasse de loisir sur le monde politique afin de permettre de privilégier les activités cynégétiques. En outre, non seulement la chasse a été isolée de la nature dans la répartition des compétences ministérielles, mais, de plus, c’est le seul monde de la chasse qui a légalement le droit de donner son avis sur le projet d’AGW quinquennal du Gouvernement : en effet, c’est la seule section chasse du Pôle Ruralité, plus que dominée par les chasseurs et donc en situation de conflit d’intérêt, qui a à remettre un avis au Gouvernement à ce sujet, sans que ne doive être consultée la section nature.

En outre, la pandémie du corona virus empêche toute rencontre et donc tout débat à propos du projet d’AGW quinquennal 2020-2025. Cela justifierait que cet AGW ne porte que sur un an, afin de compléter et terminer la dernière année de celui qui a été annulé par le Conseil d’Etat. Cela permettrait un débat plus démocratique sur la chasse et pour la préparation d’un AGW 2021-2026.  

Mesdames et Messieurs, vous qui êtes nos représentants élus par nos votes, allez vous continuer à soutenir des pratiques aussi peu transparentes ?  

Si vous êtes à notre écoute, pourquoi ne prendriez-vous pas l’initiative de déposer une proposition de Décret visant à refonder les pratiques de la chasse afin de la mettre en concordance, non seulement avec les aspirations de la grande majorité des citoyens, mais aussi avec la loi sur le bien-être animal, la directive Européenne “Oiseaux” et les nouvelles avancées scientifiques en matière de recherches éthologiques animales ? Vous pouvez nous contacter à ce sujet à l’adresse suivante : info@stopderiveschasse.beLe Collectif « Stop-dérives-chasse ».     Représentant 65 associations diverses fortes de centaines de milliers de membres. https://stopderiveschasse.be/

Le Collectif « Stop-dérives-chasse ».  

Aidez-nous à mettre fin aux dérives de la chasse en Wallonie

Ensemble, engageons-nous pour faire modifier la loi belge dont le fondement datant de 1882 ne tient pas compte des réalités du 21ème siècle en ce qui concerne:

  • la perte dramatique de biodiversité,
  • le bien-être animal,
  • les aspirations sociétales.

Oeuvrons tous ensemble pour enrayer la chute de la biodiversité wallonne en optant pour une meilleure gestion de la faune sauvage.

Chaque année, des centaines de milliers d’animaux meurent du fait de la chasse dont une bonne partie dans d’inutiles et atroces souffrances. Nous ne pouvons plus tolérer cette maltraitance de la faune sauvage.

Exigeons que le gouvernement mette fin aux dérives de la chasse qui déstabilisent l’ensemble des écosystèmes en mettant en oeuvre les dispositions législatives nécessaires pour réformer la chasse en profondeur en la mettant en concordance avec notre époque et les aspirations de la majorité des citoyens qui ne comprend plus que le bien-être animal ne soit pas mieux pris en compte.

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