Dans un article paru dans l’édition nationale du journal L’Avenir du 17 août 2024, la journaliste Caroline Viatour dévoile une enquête sur les lâchers de faisans et de canards colverts par milliers dans le hameau de Saint-Fontaine à Clavier. Mme Viatour a pu interroger le président du Royal Saint-Hubert Club de Belgique (RSHCB), Benoît Petit, pour avoir son avis à propos de ces pratiques.
“Je peux comprendre que parfois, ça heurte les sensibilités de riverains et c’est pourquoi je prône toujours le dialogue pour échanger les points de vue et trouver des compromis.”
Benoit Petit, président du RSHCB
De quel compromis parle-t-on quand ce sont des milliers d’animaux qu’on sacrifie, des hectares de biodiversité qu’on dégrade et des dizaines de riverains dont on prive la quiétude à domicile pour le plaisir d’une poignée de chasseurs ? De quel échange de points de vue parle-t-on quand un village dénonce les dérives depuis plusieurs années et que rien ne change ? L’hypocrisie du Président du Royal Saint-Hubert Club, principale association de chasseurs de Wallonie, est totale face aux lâchers de faisans et de canards colverts. Quel cynisme face au bien-être animal !
“Est-ce mieux d’avoir des élevages de milliers de poulets dans des bâtiments surchauffés qui ne voient jamais le jour plutôt que des faisans qui vivent tout de même en liberté quelques mois ?”
Benoit Petit, président du RSHCB
Premièrement, la stratégie rhétorique utilisée par Benoit Petit n’est pas anodine et se nomme « le whataboutisme ». Cela consiste à répondre à une critique en détournant l’attention vers un autre problème pour minimiser son propre comportement. Cette pratique, fréquemment utilisée dans le contexte de l’inaction climatique, ne diminue en rien la lourde responsabilité du Président du RSHCB dans la promotion de ces pratiques. Au contraire, l’exemplarité d’un syndicat ayant un tel poids en Wallonie doit même être remise en cause après de telles déclarations.
L’exemple des poulets évoqués par le président du RSHCB n’est pas du tout pertinent. En effet, même si les faisans sont élevés à l’air libre quelques semaines, les conditions d’élevage, par milliers, de ces animaux avant leur importation sont sans doute très similaires à celles des poulets destinés à la consommation.
“Ce n’est pas un plaisir pour les chasseurs d’abattre du gibier. Le plaisir c’est la recherche de l’animal et de décider si oui on non il faut le tirer. On ne prône pas des actes de chasse faciles.”
Benoit Petit, président du RSHCB
Nourris de la main de l’homme pendant des semaines, le gibier à plume perd tout instinct de survie une fois relâché et est incapable de survivre dans la nature. Pire, la loi autorise même l’utilisation de l’appeau pour la chasse au canard colvert. Appeau qui les aura préalablement prévenus de l’apport de nourriture pendant plusieurs semaines. Les chasses à tir de ces oiseaux d’élevages relèvent donc bien plus du tirs aux clays sur cibles vivantes que d’une réelle chasse où il faut rechercher l’animal. Comment le RSHCB peut-t-il défendre ce type de comportement, alors que le Code Wallon du Bien-être animal vaut aussi pour le gibier (sauf exception de la mise à mort qui doit être rapide et sans souffrance).
Il est temps que ce syndicat de chasseurs ouvre les yeux et reconnaisse ses dérives, par ailleurs également décriées par de nombreux chasseurs progressistes.
Le collectif Stop Dérives Chasse demande que la loi sur la chasse précise le rôle que peut jouer la chasse pour la régulation des populations d’animaux sauvages tout en respectant le Code wallon du bien-être animal et limite autant que faire se peut la maltraitance animale inutile dans les activités de chasse.
Comme c’est déjà le cas en Flandre de longue date, les lâchers d’oiseaux d’élevage pour le plaisir des chasseurs d’agrément doivent être interdits.
Notre collectif, regroupant plus de 80 associations a pour but de faire évoluer la loi sur la chasse afin qu’elle prenne en compte les diverses sensibilités de la société (bien-être animal, biodiversité, activités socio-récréatives en forêt).
Associations fondatrices :