Le Collectif « Stop aux Dérives de la Chasse » (SDC) est en désaccord profond avec la décision du Ministre Willy Borsus au sujet du nourrissage des sangliers.
Le Collectif SDC exprime son étonnement et son profond désaccord face à la récente décision du Ministre de la Chasse, Willy Borsus (MR), d’abandonner le projet visant à réglementer le nourrissage artificiel du sanglier par les chasseurs en Wallonie. Cette décision, prise à quelques mois des élections régionales, soulève des inquiétudes quant à la protection de la biodiversité qui façonne notre environnement et quant à une gestion responsable de la faune sauvage.
Le projet d’Arrêté du Gouvernement wallon (AGW) élaboré en 2023, bien que modeste, représentait une petite avancée dans la réduction du nourrissage. Il en proposait une suppression progressive, un premier pas pour atténuer les nuisances causées par la surdensité de sangliers. Son retrait va à l’encontre des engagements pris dans la Déclaration de Politique Régionale du Gouvernement wallon qui visait une réduction significative de la densité de sangliers.
Le nourrissage artificiel, pratiqué pour éviter les dégâts à l’agriculture et à la forêt, a évolué vers une pratique controversée. Dans un climat de plus en plus doux favorisant des forêts plus nourricières, le nourrissage artificiel contribue indiscutablement à l’augmentation des populations de sangliers et de cervidés. La surdensité déborde vers les plaines et vers les cultures, compromet la régénération naturelle de la forêt, la nidification des oiseaux et impacte la faune et la flore locales.
Au moment où les agriculteurs dénoncent les difficultés de leur métier, le ministre de l’agriculture, également chargé de la chasse, décide de ne pas passer un texte essentiel pour réduire les populations de sangliers, mettant ainsi une pression supplémentaire sur les agriculteurs. Les dégâts sur les cultures, évalués à 900 000 euros en 2021, sont majoritairement subis par les prairies, suivies par les cultures de maïs et de céréales.
Le monde scientifique soutient que le nourrissage du sanglier (et des cervidés) pour le tir de loisir n’est pas recommandé, sauf par des études commanditées par les chasseurs. Les mesures prises, telles que le tir de nuit, les battues de destruction et le piégeage ne sont pas jugées suffisantes par le Collectif SDC. Il plaide pour une interdiction complète du nourrissage, avec des dérogations locales en cas de risque imminent de dégâts à l’agriculture et aux forêts.
A contrario de l’argument qu’un arrêt du nourrissage artificiel provoquerait une augmentation des dégâts, l’exemple de la commune de Stoumont en province de Liège démontre que des alternatives peuvent être efficaces. En effet, depuis un an, la commune a pris la décision courageuse d’interdire tout nourrissage, une mesure qui a été attaquée de toutes parts par les chasseurs, allant jusqu’au Conseil d’État, sans succès.
L’obstination des chasseurs dans cette affaire est révélatrice. Ils espéraient que l’interdiction du nourrissage entraînerait une augmentation des dégâts causés par les sangliers, alimentant ainsi leur argumentaire en faveur du maintien de cette pratique. Cependant, les faits ont contredit leurs attentes. Malgré toutes les tentatives des chasseurs de prouver l’inefficacité de l’interdiction du nourrissage, les données recueillies au cours de l’année écoulée ont montré que l’interdiction n’a pas conduit à une augmentation significative des dégâts causés par les sangliers.
Cette situation met en lumière la volonté des chasseurs de maintenir le nourrissage artificiel afin de favoriser une forte densité de sangliers et de cervidés. Cette stratégie vise à assurer des chasses avec un plus grand nombre de sangliers à tirer, mettant en évidence les motivations cynégétiques se cachant derrière la résistance à l’interdiction.
Les problèmes dus à la surdensité des sangliers sont connus depuis longtemps et dépassent largement le cadre de la chasse. Pourtant l’obscurantisme règne car aucune information crédible n’est disponible publiquement et rien n’est mis en place pour tenir compte de la grande hétérogénéité des conditions locales, pour un suivi contrôlé par le DNF et pour documenter l’efficacité des mesures de destruction prises par le gouvernement sur base de différents indicateurs.
Le Collectif SDC regrette la dispersion des responsabilités ministérielles dans la gestion de la chasse en Wallonie. Des réformes substantielles de la loi sur la chasse pour garantir une chasse plus éthique et plus responsable devant les enjeux environnementaux et sociétaux sont nécessaires.
Notre collectif, regroupant plus de 80 associations a pour but de faire évoluer la loi sur la chasse afin qu’elle prenne en compte les diverses sensibilités de la société (bien-être animal, biodiversité, activités socio-récréatives en forêt).
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