Les nuisances subies par les riverains à proximité des lâchers de faisans et de canards

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De nombreuses communes wallonnes connaissent des cas avérés de lâchers massifs d’oiseaux, issus d’élevages, dans les plaines pour le tir. Le collectif a été contacté sur plus d’une dizaine de communes durant la dernière saison de chasse. De la province du Hainaut à celle de Liège en passant par Namur, force est de constater que les faisans et Canards colverts d’élevage ont encore de l’intérêt pour les chasseurs de loisir partout en Wallonie.

Le hameau de Saint-Fontaine, pire exemple depuis des années

Dans la commune liégeoise de Clavier, cela fait plusieurs années que la chasse au petit gibier et au gibier d’eau est pratiquée non seulement sans aucun respect des animaux chassés et de l’environnement mais également des riverains vivant à proximité.

Avec des milliers de canards colverts et de faisans importés, les pratiques causent des nuisances à tous les riverains, en plus de l’impact environnemental catastrophique que tout cela génère. 

L’hypocrisie à Clavier : une pancarte « Protection de la nature » pour délimiter leur zone de nourrissage pour des milliers de petits gibiers, victimes cette année-là de la grippe aviaire (photo prise en 2023 à Saint-Fontaine).

Des jardins envahis par les faisans pendant plusieurs semaines

Dans un premier temps, nous avons filmé sur place plus de 500 boîtes de transport pour les faisans à proximité d’un des deux enclos où ils étaient élevés jusqu’à la fin du mois d’août. 

Une fois lâchés, les centaines de faisans se dispersent partout dans le village et les villages alentours, allant même jusqu’à se faire écraser par le passage des voitures et représentant donc un réel danger pour la circulation routière.

De nombreux jardins du hameau sont prisés par les faisans pour le gîte (arbres à proximité pour s’y poser la nuit) et le couvert (jardins naturels, potagers). Les animaux lâchés se nourrissent même sous les mangeoires à oiseaux sans aucune crainte de se laisser approcher.

Présents par centaines de jour comme de nuit, ils produisent une quantité énorme de déjections sur les terrasses, sur les jeux d’enfants et dans les jardins. Les habitants touchés sont donc soumis à un risque de contamination en cas de nouvel épisode de grippe aviaire.  

Les faisans mangent tout dans les potagers des riverains, détruisent toutes les plantations de fleurs, en pot ou en terre.

Comment est-ce possible d’autoriser de telles nuisances sur autrui par un petit groupe de chasseurs ? 

Autre atteinte à la propriété privée : certains rabatteurs n’hésitent pas à pénétrer dans les jardins sans autorisation durant la chasse.

L’étendue des nuisances liées à la présence de centaines de faisans dans le hameau de Saint-Fontaine

Le bruit et les résidus de munitions de chasse qui tombent dans les jardins

Les cartouches pour la chasse au petit gibier contiennent des centaines de petites grenailles rondes. Même si cela n’est à priori pas dangereux, les grenailles des munitions peuvent retomber assez loin par rapport à l’endroit où la cartouche a été tirée.

Lors d’une visite à Clavier, nous avons pu constater par nous-même que de nombreux résidus retombent à plus de 100 m de l’endroit de la chasse en entendant des  impacts sur une cuve métallique. Le niveau sonore de son jardin dépassait 70 dB et ce, pendant de longues minutes à voir les canards en panique dans le ciel.

Ce bruit au moment de la chasse provoque bien souvent un certain affolement des animaux domestiques. Les riverains observent notamment des ânes et plusieurs chiens subir de gros stress lors des coups de feu et de sifflets ininterrompus. 

Danger pour le public

Contrairement aux battues au grand gibier, systématiquement annoncées à l’entrée des chemins et encodées sur ChasseOnWeb, rien n’oblige légalement les chasseurs à le faire pour la chasse au petit gibier et au gibier d’eau.

Les chemins publics qui longent certains étangs où sont chassés les canards restent donc tous ouverts pendant les journées de chasse. Les riverains et les promeneurs ne sont pas prévenus des jours de chasse et peuvent se retrouver, comme sur la vidéo ci-dessus, sans aucune indication à moins de 50 mètres des chasseurs, avec tout le stress que cette surprise implique.

Découvrez toutes l’étendue des nuisances en lisant les autres articles déjà publiés au sujet de la commune de Clavier !

Genappe : les canards font vivre un enfer au riverains

Alerté très tôt dans la saison, le collectif s’est rendu à Genappe pour constater une importation massive de canards colverts sur un étang (situé en zone Natura 2000) d’à peine 1 ha de superficie.

Outre les nuisances olfactives liées à la pollution de l’étang (déjections, étang eutrophisé…), les cris de canards et de Bernaches du Canada, attirées par l’agrainage quotidien sur le plan d’eau, causent des nuisances sonores nuit et jour.

Lors des journées de chasse, les tirs à moins de 50 mètres des habitations provoquent également une pollution sonore et un stress pour les riverains comme pour les animaux domestiques.

Détonations et cris de canards lors d’une journée de chasse en 2024.

Ottignies-Louvain-la-Neuve : le même gestionnaire de chasse fait vivre un enfer aux riverains des deux communes

Au cours d’une visite à Céroux, nous avons découvert que le même territoire de chasse, à cheval sur les communes de Genappe (voir précédemment) et d’Ottignies-Louvain-la-Neuve, importait également des faisans par centaines.

Comme sur la majorité des territoires qui pratiquent ces lâchers, les faisans sont importés et nourris sous volières pour ensuite être lâchés à peine un mois avant l’ouverture de la chasse le 1er octobre.
Malgré les efforts du garde-chasse pour abriter les faisans dans de minuscules parcelles de maïs cultivées à cet effet, une fois lâchés, ils se déplacent jusque dans les jardins des riverains, se nourrissant sous les mangeoires à passereaux et se laissant même approcher à moins d’un mètre. Que dire du caractère sauvage des animaux lâchés ?

Une des cultures de maïs isolées destinée à abriter les faisans. 

Dans toutes les cultures de maïs isolées et dans le bois où seraient importés les faisans, des poubelles de nourrissage sont disposées un peu partout. Selon les riverains, une fois remplies de nourriture, elles seraient infestées de rats.

Les mangeoires installées un peu partout dans le territoire de chasse. 

Le derner élément préoccupant et non des moindre : les riverains rencontrés rapportent que plusieurs collets sont installés dans le territoire de chasse de Céroux.
Ces collets seraient parfaitement illégaux puisqu’ils ne possèdent pas d’arrêtoir, ce qui signifie que l’animal attrapé n’est pas simplement immobilisé mais bien étranglé jusqu’à la mort. Outre la cruauté et l’illégalité des collets sans arrêtoir, ces dispositifs ne sont pas sélectifs. Un pauvre chien s’est d’ailleurs fait tué l’an passé par un collet. Son maître n’a pas réagi à temps et a vu avec horreur son chien mort dans le piège.

Les pièges à collet sont autorisés par la loi à la condition qu’ils soient munis d’un arrêtoir de manière à immobiliser l’animal sans l’étrangler (photo tirée d’un témoignage de 2023)

Lasne : l’insécurité des battues au petit gibier

Dans la commune de Lasne, tristement réputée pour les lâchers massifs de faisans qui s’y produisent, le constat est similaire à Genappe et Ottignies : les faisans sont importés par centaines et lâchés un mois avant la chasse de l’espèce. Pour un territoire si morcelé et anthropisé, les faisans sont si nombreux qu’ils se font régulièrement écraser le long des routes. Sur le domaine André Ganshof van der Meersch à Maransart, on peut observer au loin quantité de mangeoires et cultures refuge. 

Faisans et mangeoires à faisans observées à Maransart en février 2025.

Dans cette commune, c’est l’emprise des activités de chasse sur tous les autres usagers des espaces naturels qui contrarie principalement les riverains.

Pour plusieurs promeneurs, cyclistes et cavaliers lasnois, la période entière de la chasse au petit gibier – et pas uniquement les journées de chasse – constitue une inquiétude permanente. En effet, les dates de chasse au faisan ne sont jamais annoncées étant donné que rien n’oblige légalement les chasseurs à le faire. Sur le portail ChasseOnWeb, seules les battues au grand gibier qui représentent un danger sur les chemins forestiers accessibles au public sont renseignées. Par conséquent, si même la commune n’a pas connaissance des dates pour les journées de chasse au petit gibier, les riverains n’ont aucun moyen de s’informer à l’avance pour programmer leurs sorties à Lasne.

Plusieurs sources nous ont donc rapporté éviter toute activité extérieure à Lasne par précaution entre le 1er octobre et le 31 janvier, période légale pour la chasse au faisan. Pour les plus téméraires qui ont osé s’aventurer sur les chemins publics sans connaissance des dates, cela leur est arrivé plusieurs fois de se retrouver à quelques mètres à peine des coups de feu. Par ailleurs, même pour celles et ceux qui restent à domicile les journées de chasse, la proximité des habitations et l’intensité des tirs sont telles que beaucoup d’animaux domestiques (chiens et chevaux principalement) sont dans un état de stress intense plusieurs journées par an.

Tous ces récits montrent bien à quel point un petit groupe de chasseurs peut littéralement s’approprier un territoire au détriment de tous les riverains et usagers, pendant un tiers de l’année. Le fait qu’aucune annonce n’est jamais communiquée pour éviter les mauvaises surprises des éventuels passants illustre également le manque de communication et de transparence des chasseurs de loisir. 

Notre collectif, regroupant plus de 80 associations a pour but de faire évoluer la loi sur la chasse afin qu’elle prenne en compte les diverses sensibilités de la société (bien-être animal, biodiversité, activités socio-récréatives en forêt). 

Associations fondatrices :

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Ensemble, engageons-nous pour faire modifier la loi belge dont le fondement datant de 1882 ne tient pas compte des réalités du 21ème siècle en ce qui concerne:

  • la perte dramatique de biodiversité,
  • le bien-être animal,
  • les aspirations sociétales.

Oeuvrons tous ensemble pour enrayer la chute de la biodiversité wallonne en optant pour une meilleure gestion de la faune sauvage.

Chaque année, des centaines de milliers d’animaux meurent du fait de la chasse dont une bonne partie dans d’inutiles et atroces souffrances. Nous ne pouvons plus tolérer cette maltraitance de la faune sauvage.

Exigeons que le gouvernement mette fin aux dérives de la chasse qui déstabilisent l’ensemble des écosystèmes en mettant en oeuvre les dispositions législatives nécessaires pour réformer la chasse en profondeur en la mettant en concordance avec notre époque et les aspirations de la majorité des citoyens qui ne comprend plus que le bien-être animal ne soit pas mieux pris en compte.

Case à cocher